Uvéites chez les patients vivant avec le VIH : une étude rétrospective multicentrique - 16/06/22
Résumé |
Introduction |
Bien que l’épidémiologie des uvéites dans les pays occidentaux soit bien connue, peu de données sont disponible concernant leurs caractéristiques et leur épidémiologie lorsqu’elles affectent les patients vivants avec le VIH (PVVIH). L’objectif principal de cette étude était d’évaluer la fréquence relative des étiologies d’uvéites chez les PVVIH.
Patients et méthodes |
Il s’agit d’une étude rétrospective multicentrique, incluant les patients âgés de plus de 18 ans, vivants avec le VIH, et ayant présenté une uvéite active entre janvier 2000 et décembre 2020 au sein des CHU de Nancy, Dijon, de l’Hôpital de la Pitié Salpêtrière (Assistance Publique–Hôpitaux de Paris) et de l’Hôpital de la Croix-Rousse (Hospices Civils de Lyon). Les patients présentant des séquelles d’uvéites passées sans signe d’inflammation active étaient exclus.
Résultats |
Un total de 83 PVVIH ont été inclus, dont 56 hommes et 27 femmes (sex ratio=2,07), avec un âge moyen de 43,2±11,1 ans au diagnostic de l’uvéite. Les uvéites étaient avant tout infectieuses (61,4 %), puis idiopathiques (21,7 %), d’origine systémiques (8,4 %), médicamenteuses (4,8 %), et enfin correspondaient à des entités ophtalmologiques pures (3,6 %). Parmi les uvéites infectieuses, l’agent infectieux le plus fréquemment en cause était la syphilis (15/51, exclusivement des hommes), suivi du VIH (12/51), du CMV (7/51), de l’HSV5/51) et du ZVZ (5/51), la toxoplasmose (4/51), la tuberculose (2/51), EBV (1/51) et Borrelia burgdorferi (1/51). Parmi les 7 uvéites d’origines systémiques, 4 étaient liée à l’antigène HLA-B27 (avec spondylarthropathie), 2 à une sarcoïdose et 1 à une maladie inflammatoire chronique de l’intestin. Toutes les uvéites médicamenteuses étaient liées à la rifabutine. Deux patients présentaient des ophtalmies sympathiques et une maladie de Eales. Après comparaison à une cohorte de patients non VIH avec uvéites, il était noté une augmentation significative de la proportion d’uvéites infectieuses et d’uvéites médicamenteuses (61,4 % vs. 12,7 %, p<0,001, et 4,8 % vs. 0,3 %, p=0,001, respectivement) et une diminution significative d’uvéites idiopathiques et d’origine systémique (21,7 % vs. 59,7 %, p<0,001, et 8,8 % vs. 20,8 %, p=0,005, respectivement). Au sein des patients ayant bénéficié d’une évaluation du taux de lymphocytes T (LT) CD4 au moment du diagnostic de l’uvéite, la proportion d’uvéites infectieuses était de 85,7 % lorsque le taux de LT CD4 était inférieur à 50/mm3, de 64,7 % lorsque le taux de LT CD4 était entre 50 et 200/mm3, de 58,8 % lorsque le taux de LT CD4 était entre 200 et 500/mm3, et de 48,1 % lorsque le taux de LT CD4 était supérieur à 500/mm3. Cette proportion chez les patients ayant plus de 500 LT CD4/mm3 restait significativement supérieure à celle retrouvée chez les patients non atteints par le VIH (48,1 % vs. 12,7 %, p<0,001).
Conclusion |
Les uvéites infectieuses sont la première cause d’uvéite chez les PVVIH, avec une forte proportion d’uvéites syphilitiques. Cette fréquence et significativement augmentée par rapport à celle retrouvée dans la population générale, et ce, même après normalisation du taux de LT CD4. Cette étude souligne d’une part l’impact majeure du VIH sur le profil étiologique des uvéites, justifiant de réaliser une sérologie VIH au cours du bilan étiologique de toute uvéite, et d’autre part, l’importance d’envisager une enquête infectieuse exhaustive et rapide chez les PVVIH présentant une uvéite.
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Vol 43 - N° S1
P. A107 - juin 2022 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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